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Issue d’une famille de peintres, depuis mon enfance, je pense «peinture», je vois «peinture» ; comme une obsession...
J’avance sur des fils tendus où l’intuition de la matière / espace des couleurs me convie à une découverte perpétuelle.
L’invisible se révèle dans les détours des formes proches du rêve ou la nature exprime les connivences sensuelles d’un monde caché.
Improvisations, révélations..? L’intangible en devenir se déploie ; la gestuelle propulsant le trait devient forme, fond et trace les signes sensibles de la vie...


Comme une radiographie du monde


Ce qui frappe dans la peinture d’Anne Marchand c’est évidemment en premier lieu la vision onirique que l’artiste nous donne à travers ses oeuvres.
Vision d’un vaste océan recomposé, nettoyé de toutes les pollutions humaines ou des scories industrielles. Arthur Rimbaud aurait pu écrire à ce sujet ; JE, suis l’Océan. Anne est aussi la terre, la roche, la rive, les nuages. Sa peinture porte tout ça en même temps. Dans cet isolement voulu, loin des villes du tohu-bohu du monde, l’artiste nous révèle le monde caché et peut-être l’autre face de cet océan mystérieux. Le travail pictural se fait sur papier, sur toile mais aussi sur des radiographies récupérées. L’idée est intéressante, car si on sait que ces fines feuilles de plastique bleutées servent à voir l’intérieur de la matière humaine (mais pas que !), on peut imaginer que le peintre se sert de cette alchimie photographique pour stimuler les structures internes de ses oeuvres peintes, pour passer au travers du monde qui l’entoure.
Lorsque je regarde le travail d’Anne Marchand, je pense curieusement à Victor Hugo ; Aux travailleurs de la mer. Il y a là, sous-tendu dans ce travail de la peinture, quelque chose de rugueux comme les mains des marins pécheurs usées par le sel, comme le granit de la côte. Ce même granit qui coexiste naturellement avec le doux, l’aquatique. Il y a là, comme une alliance convenue entre la vague et le brisant, l’écume et le sable de la rive.
Mais dans cette peinture océanique la terre n’est jamais très loin. L’artiste utilise souvent le tondo comme support, j’y vois là, comme une réduction du monde, l’amorce d’une nouvelle terre recouverte de nuages qui poussés par le vent, seraient annonciateurs d’une pluie bienfaitrice.

Jean Gaudaire-Thor
Décembre 2018